Décret inscription : Krystal, 12 ans, n'est toujours pas rentrée à l'école, "ma fille est en pleurs"
Krystal est scolarisée depuis la maternelle à l'école Maria Assumpta à Laeken. Mais cette année, la jeune fille n'est toujours pas rentrée en première secondaire, au grand désespoir de ses parents, qui constatent que l'état psychologique de leur fille se détériore de jour en jour.
- Publié le 22-10-2018 à 15h20
- Mis à jour le 22-10-2018 à 16h07
Krystal est scolarisée depuis la maternelle à l'école Maria Assumpta à Laeken. Mais cette année, la jeune fille n'est toujours pas rentrée en première secondaire, au grand désespoir de ses parents, qui constatent que l'état psychologique de leur fille se détériore de jour en jour.
Sept semaines se sont écoulées depuis la rentrée scolaire. Sept semaines durant lesquelles Krystal et ses parents se battent pour que la jeune fille intègre l'école de son choix: le Lycée Maria Assumpta à Laeken.
En avril dernier, la maman a reçu le courrier de la Commission inter-réseaux des inscriptions (CIRI), lui signalant que son enfant était 58e sur une liste d'attente. À l'époque, Krystal est une jeune écolière de 6e primaire, habitant Vilvorde et déjà sujette à l'anxiété. Chantal, sa maman, omet de lui apprendre que la rentrée s'avérera difficile. Et la maman préfère ne pas adresser de réponse à la CIRI. "J'ai commencé à stresser, mais je n'ai rien dit à mon enfant. Elle m'a dit que toutes ses copines avaient reçu une lettre, mais j'ai préféré mentir à ma fille, car je ne voulais pas lui faire peur", témoigne Chantal.
Les mois passent et la rentrée se rapproche. Le 30 août, Krystal est 3e sur la liste d'attente de l'école qu'elle fréquente depuis son enfance. L'espoir est là : la jeune fille est persuadée qu'elle retrouvera ses copines le jour de la rentrée. D'ailleurs quand vient ce jour, elle se lève, s'habille et prépare son sac d'école. "Mais elle s'est rendue compte qu'il n'y avait pas de place pour elle ce jour-là au Lycée Maria Assumpta. Chaque jour, ses copines l'appelaient pour lui demander: 'Alors, tu as trouvé une école? Et sa santé a commencé à se dégrader. Elle pleure souvent, elle a le sommeil perturbé et elle mange très mal", confie la maman. Dès lors, Krystal consulte un psychiatre, qui rédige un rapport attestant de ses troubles psychologiques.
"Nous tenions absolument à scolariser notre enfant au sein de l'enseignement libre, tout en étant à proximité de la maison. Tous les établissements catholiques, situés dans un périmètre de 15 km autour de notre domicile affichaient également complets", poursuit-elle. Le 18 septembre, Krystal est désormais première de la liste d'attente de Maria Assumpta, mais rien n'avance toutefois. "Ma fille a commencé à angoisser de perdre ses copines. Un jour en allant chez le psy, Krystal a fait une crise d'angoisse, et j'ai dû l'amener en urgence à l'hôpital des enfants. Son coeur battait à 129 pulsations minute..."
La CIRI refuse le recours
Malgré la souffrance de l'enfant liée à sa non-scolarisation, toutes les portes restent closes et les parents n'acceptent aucune des recommandations émises par la Commission inter-réseaux des inscriptions. Dès lors, la famille y a introduit un recours, par le biais d'un avocat, pour circonstance exceptionnelle, auquel le rapport du psychiatre a été joint. Mais à nouveau, la réponse se solde par un refus. "Le décret inscription est clair à ce sujet: dans les 10 jours de la lettre émise par la Commission, dans laquelle un classement a été établi, les parents peuvent déposer un recours. Si un même recours doit être envoyé à une date ultérieure à ce délai, il faut justifier le caractère tardif de la demande. Concernant Krystal, la CIRI a considéré qu'étant donné que les troubles psychologiques de l'enfant existaient déjà au mois d'avril, la motivation du caractère tardif n'était pas valable", rétorque Claude Voglet, président de la CIRI.
"Humainement, je comprends la détresse de l'enfant et des parents. Mais pour qu'une place se libère à l'école Maria Assumpta, il faut qu'un autre enfant disparaisse. La probabilité qu'une place se libère est donc très mince et j'ai conseillé aux parents d'autres écoles qui pourront accueillir leur fille", poursuit-il. Pour l'heure, un recours a été déposé au conseil d'État par le biais de l'avocat de Chantal et de son époux, afin de casser la décision de la CIRI. "Mais là encore, la justice ne pourra pas imposer de créer une place dans une école, et en l'occurence au Lycée Maria Assumpta. Imaginez l'injustice auprès des autres parents, également sur listes d'attente pendant des mois, qui ont été contraints de placer leur enfant dans une autre école. De la même manière que la Commission inter-réseaux des inscriptions n'a pas à imposer une école aux parents", ajoute Claude Voglet.
"Lorsque j'ai eu les parents au téléphone, je leur ai expliqué que si la demande avait été réalisée plus rapidement, ils auraient pu trouver une école plus rapidement. Au mois de septembre, plusieurs écoles très demandées pouvaient encore accueillir des élèves, car après le 24 août, les écoliers qui avaient obtenu une place dans une école, disparaissaient des autres listes sur lesquelles ils étaient inscrits", conclut-il.
Pour l'heure, la CIRI réexamine le dossier, en raison du recours déposé au conseil d'État.